Indemnités prud'homales : la justice valide le "barème Macron", sans exclure d'y déroger
11/08/2022
La Cour a validé dans un cas précis le plafonnement des indemnités prud'homales, mais a ouvert la porte à une contestation future dans d'autres affaires.
La cour d'appel de Paris a validé mardi le plafonnement des indemnités prud'homales ("barème Macron") dans une affaire de licenciement abusif, sans exclure la possibilité d'y déroger au cas par cas.
Depuis la réforme du Code du travail fin 2017, ces dommages et intérêts (hors licenciement pour harcèlement ou discrimination) sont plafonnés entre un et vingt mois de salaire brut, en fonction de l'ancienneté, ce qui n'était pas le cas avant.
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Mais plusieurs conseils de prud'hommes ont jugé que ce barème devait être écarté, car contraire aux conventions internationales sur l'indemnisation "adéquate" due à un salarié licencié.
"Une réparation adéquate et appropriée"
Dans cet arrêt rendu le 18 septembre concernant le licenciement d'un salarié qui n'avait qu'un an d'ancienneté, la Cour estime que "la réparation prévue à hauteur de deux mois par le barème constitue une réparation du préjudice adéquate et appropriée à la situation d'espèce", comme le réclament à la fois la convention de l'OIT et la Charte sociale européenne qui "s'imposent aux juridictions françaises".
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"En l'espèce, il n'y a pas lieu de déroger au barème réglementaire et de considérer ledit barème contraire aux conventions précitées", conclut la Cour qui se prononçait pour la première fois sur le barème, vivement contesté par les syndicats.
Mais, pour M Eric Lenard, avocat du salarié licencié, "la formule 'en l'espèce' sous-entend a contrario que, pour un cas différent, il serait possible de déroger au barème".
Pas d'automaticité du barème
Dans un avis beaucoup plus étayé la semaine dernière, la cour d'appel de Reims, tout en reconnaissant la conformité du barème aux conventions internationales, s'était également donné la possibilité de s'en écarter si le salarié démontrait que son préjudice était supérieur.
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Pour Me Lenard, même si l'arrêt de Paris est plus elliptique, les deux décisions vont dans le même sens, celui d'une application du barème "au cas par cas" et non pas automatique comme le voudraient le gouvernement et le patronat.
La cour d'appel de Paris doit rendre le 30 octobre un arrêt dans une autre affaire. En juillet, dans un avis général, la Cour de cassation avait jugé ce barème "compatible" avec les conventions internationales.
Par LEXPRESS.fr avec AFP